Ce mémoire n’a pas cherché à repenser le cosmopolitisme mais à mettre en lumière différentes façons de l’exposer et de le transformer en un cosmopolitisme fort. Ce dernier ne se limite pas à la coexistence des diversités culturelles, mais repose sur des interactions, des dialogues et des échanges constructifs. C’est une dynamique où la parole des habitants, des visiteurs et des institutions se mêle pour co-construire des récits inclusifs et partagés.
Au fil de ce mémoire, ma réflexion a évolué pour dépasser les approches traditionnelles de l’exposition. Le bilan théorique met en lumière une approche où la scénographie ne doit pas se limiter à agencer des objets, mais doit jouer un rôle dans la mise en récit et la médiation. À travers la troisième partie, l’importance de l’exposition comme lieu d’interactions a émergé : un espace où les habitants, les visiteurs et même le quartier peuvent devenir des acteurs à part entière. Cette dimension participative, qu’elle passe par des ateliers, des collectes partagées ou des médiations, montre comment l’exposition peut transcender ses frontières physiques et intégrer l’espace urbain comme une extension de son propos. Pensée sur une durée de cinq ans, à l’échelle d’un mandat municipal, elle viserait à assurer un impact durable et à favoriser une réelle prise de conscience collective.
Sur le plan méthodologique, cette recherche a consolidé ma compréhension du rôle du designer d’exposition en tant que médiateur entre le matériel (objets) et l’immatériel (récits, expériences). Cela m’a permis d’élargir ma réflexion sur les outils et dispositifs capables de donner corps à un cosmopolitisme fort. J’ai pris conscience que mon rôle ne se limite pas à l’esthétique ou à la mise en espace, mais s’étend à une collaboration étroite avec des acteurs locaux, des institutions et des associations. Le designer devient donc, un facilitateur d’interactions, concevant des espaces propices au dialogue.
De plus, en revisitant les pratiques d’exposition, ce mémoire a mis en évidence que le cosmopolitisme peut être amplifié lorsqu’il s’ancre dans une dynamique participative. Les habitants ne sont pas de simples sujets d’étude ou fournisseurs de récits ; ils deviennent des co-créateurs. Cette posture m’a incitée à repenser les dispositifs muséaux pour qu’ils favorisent un échange entre les visiteurs, les habitants et l’environnement urbain, tout en respectant les récits pluriels et leur diversité.
Ces réflexions théoriques et les exemples m’ont permis de poser des bases pour mon projet. À Marseille, lieu à la fois chargé de significations et d’enjeux sociaux, il s’agit désormais de créer une exposition capable d’incarner mais aussi, en un sens, de produire ce cosmopolitisme fort. Le défi est de traduire ces concepts en pratiques concrètes : associer les habitants dans des collectes partagées, créer des espaces de médiation ouverts à tous et étendre l’exposition au-delà des murs du musée pour investir l’espace urbain. Il faudra toutefois veiller à ne pas occulter ce qui se joue à l’intérieur même de l’exposition.
Comment réussir, dans la pratique, à relier l’expérience muséale à celle de l’espace urbain ? Comment faire en sorte que les récits des habitants soient valorisés et intégrés dans une dynamique participative, tout en respectant leur authenticité ?
Ces questions, issues de ce mémoire, guident désormais ma démarche en tant que designer.